par Alain Piarou, photos : Irène Piarou
Depuis 1 semaine et l’annonce du décès d’une des figures montantes du jazz de la Nouvelle Orléans, Travis « Trumpett Black » Hill, à l’âge de 28 ans, lors d’une tournée au Japon, tous les jours sont organisées des « second line » (défilé derrière un Brass Band) dans les rues de Tremé. Elles partent toutes du club « Ooh Poo Pah Doo » où Trompett Black animait la scène, tous les lundis. Hier soir, après la second line, c’est le « Cafe Istambul » qui appelait les très nombreux musiciens à se recueillir en musique (on est à New Orleans) et rendre hommage à Travis.

Peinture hommage
Un peintre avait réalisé un portrait et l’on pouvait, comme pour un livre de condoléances y apposer sa signature. Le plus émouvant, et j’en ai encore la chair de poule, c’est lorsque le Preservation Hall Orchestra entra dans le club en jouant la fameuse marche funèbre néo-orléanaise.

Preservation Hall Orchestra
Après quoi, l’hommage commençait toujours en musique, mais cette fois dans la joie avec un morceau qui faisait déjà danser le public. Et, il y avait un nombre impressionnant de gens venus partager avec la famille ce moment de recueillement. Plusieurs « têtes d’affiches » étaient présentes et venaient se produire pendant 30 minutes. Et c’est Walter Wolfman Washington qui commençait cet hommage.

Walter Wolfman Washington
« Wolfman » jouait et chantait du blues mais aussi 2 thèmes rapides et entraînants. Puis, c’est Brother Tyrone qui prenait la suite et venait chanter quelques standards du rythm’n blues avec beaucoup de ferveur, comme il le fait à chaque représentation.

Brother Tyrone
Le public se déchaînait, chantait et dansait. Brother Tyrone partageait régulièrement la scène avec Travis à Ooh Poo Pah Doo, ainsi d’ailleurs que le très apprécié pianiste Tom Worrell.

Tom Worrell
Nous étions dans un spectacle comme pouvait le faire James Brown et on oubliait presque pourquoi on était là.

Brother Tyrone Band
C’est comme ça à la Nouvelle Orléans, on partage joies et peines, toujours en musique. C’était au tour du « Dirty Dozen Brass Band » de rendre hommage, et on connaît leur entrain. 30 minutes de folies durant lesquelles ils demandaient aux spectateurs de rester debout et de danser.

Dirty Dozen Brass Band
L’excellent trompettiste Leroy Jones était venu se joindre a à eux pour une prestation à tout casser.

Leroy Jones
Puis, le « Big Sam’s Funky Nation » occupait à son tour la scène pour un moment de frénésie car Big Sam est un showman qui sait « mettre le feu » … et c’est bien ce qu’il a fait. Il a même organisé des chorégraphies depuis la scène que les spectateurs exécutaient.

Big Sam
Et les « Funky Nation » donnaient, comme d’habitude tout ce qu’ils avaient et le public adhérait à cent pour cent.

Big Sam’s Funky Nation
Le « New Breed Brass Band » poursuivait cet hommage et quand on parle de Brass Band, on parle bien sûr, de musique entraînante et joyeuse, comme pour parader dans les rues.

New Breed Brass Band
Cette excellente formation devait laisser la place à un autre Brass Band tout aussi important à Nola, le « Brass-A-Holic »

Brass-A-Holic Band
qui lui aussi jouait cette musique de Brass Band si particulière. Chaque demi heure donc, les groupes se succédaient et l’ambiance n’avait pas le temps de retomber. Corey Henry, autre tromboniste- chanteur, faisait son show d’une intensité incroyable.

Corey Henry
Sa formation s’était étoffée et l’on y retrouvait avec plaisir le saxophoniste Calvin

Calvin
et le guitariste June Yamagushi qui donnaient une dimension encore plus importante à cet orchestre.

June Yamagushi
J’ai rarement connu une telle ambiance et lorsque Corey Henry et James Andrews (cousin de Travis) faisaient monter sue scène la mère de Trumpett Black pour l’honorer, on atteignait alors le sommet de l’émotion.

Corey Henry, mère de Travis, James Andrews
Quoiqu’il en soit, tous étaient là pour honorer Travis et James Andrews, très ému, au bord des larmes se présentait sur scènes avec ses musiciens et chantait et jouait en montrant le ciel du doigt.

James Andrews
Peu à peu, le groupe grossissait sur la scène qui n’était plus assez grande.

une partie de la section de cuivres

James Andrews Band
Des éléments de « Bonerama » venaient participer à l’hommage dans une ambiance surréaliste.

Tromboniste de Bonerama
L’ambiance était à son comble quand les indiens faisaient leur entrée et traversaient le club pour rejoindre la scène en chantant et en dansant.

Indian

Indian
Big Chief Bo Dollis Jr était également présent

Big Chief Bo Dollis Jr
Le temps n’avait plus d’importance et tous ces musiciens jouaient avec la ferveur que Travis avait sur scène.

Indian et Bo Dollis Jr
James Andrews avait donc réussi à regrouper tous ces musiciens pour une véritable communion.

James Andrews

James Andrews + invités
Enfin, l’autre cousin de Travis, Glen David Andrews venait lui aussi rendre hommage dans une ambiance qui n’arrêtait pas de monter.

Glen David Andrews
Lui aussi, très ému, invitait le public à chanter et à danser, encore et encore. La longue soirée se terminait avec un chanteur de gospel bien connu à Nola, Josh. Sa voix atteignait des extrêmes dans les aigus.

Gospel singer, Josh
Et comme dans les églises de Louisiane, Josh faisait monter l’ambiance par ces chants de gospel impressionnants

Gospel singer, Josh
et entraînait le public à crier le nom de Trompett Black en finissant allongé par terre. 5 heures de musique pour un hommage extraordinaire, un partage et une solidarité hors du commun. C’est vraiment la première fois de ma vie que j’assistais à un tel événement de cette ampleur, d’une telle intensité et d’une émotion aussi bouleversante. Il fallait bien toutes ces photos pour témoigner de cet hommage. Travis « Trompett Black » allait avoir 29 ans le 7 août prochain. RIP.