Par Annie Robert, Photos : Lydia de Mandrala et Thierry Dubuc
Chroniques Marciennes # 12
Marciac 13 Août 2016
Hugh Coltman / Jamie Cullum
Dernier concert, pour moi, de cette 39° édition de Jazz In Marciac, un peu de nostalgie, et de bleu au cœur mais un beau feu d’artifice pour une soirée 100% mec…
Un chanteur de jazz, c’est peu courant, mais deux c’est carrément l’équation rare. Voici donc des merles blancs en double exemplaire et quels merles blancs, les filles (les gars aussi si vous voulez) j’en suis toute « bouleversifiée »… !!
Je ne reviendrai pas sur Hugh Coltman, déjà chroniqué il y a peu sur le blog d’Action Jazz : https://blogactionjazz.wordpress.com/2016/03/ en sachant que je ne changerai aujourd’hui pas une seule virgule à la chronique écrite, il y a quelques mois, tellement il s’est montré égal à lui-même, brillant, charmeur, profond, d’une maîtrise vocale incontestable dans son répertoire autour de Nat King Cole.
Il avait de plus ce soir, un pianiste d’exception en la personne de Bojan Z, inattendu et plus que parfait dans son rôle d’accompagnateur de luxe. La prestation de Hugh Coltman fut formidable d’émotion et son interprétation de « Morning star » par exemple, a embué les yeux de centaines personnes. Une découverte pour certains spectateurs enthousiastes et convaincus et un plaisir partagé pour les autres. Un artiste magnifique.
En deuxième partie, agité comme un shaker survolté, un air d’adolescent malgré ses 37 ans, baskets aux pieds et chemise décorée de « Fuck you » qu’il enlèvera à la première occasion, Jamie Cullum investit le chapiteau.
C’est une prise en main active, tonique, celle d’un show-man de haut niveau, un raz-de-marée endiablé. On le voit jouer du piano debout, parcourir le public ou donner une démonstration de « human beat box », ou de « piano beat box », dévorant le plancher de la scène, faisant preuve d’un humour certain et d’un abattage de feu follet. Rien ne lui résiste.
Une voix de velours à la Frank Sinatra capable de faire craquer les duègnes les plus rébarbatives, un jeu aérien, solide au piano, et il nous met tous dans sa poche. Conquis, on se laisse embarquer par ce zébulon dont l’enthousiasme et l’énergie sont contagieux. Autour de lui, deux sidemen poly instrumentistes et talentueux, Rory Simmons et Tom Richards, passant de la guitare à la trompette, du saxophone aux synthés avec brio assurent des changements adaptés de couleurs pour chaque morceau et le vocal quand il le faut. La section rythmique de belle qualité, Loz Garrat à la basse remarquable et Brad Webb à la batterie n’est pas en reste.
Le passage des impros aux thèmes, des folies à l’apaisement est cependant très réglé, mine de rien. Le trublion aux airs de gavroche fait le fou, mais sait bien où il va. C’est un professionnel accompli qui ne laisse rien au hasard. Et le show tourne comme une montre à plein régime. Pas de temps mort, pas de retombée d’enthousiasme possible. Il passe du piano aux synthés ou aux percus avec la même énergie. Son set est composé massivement de créations personnelles et de quelques reprises. Avec des incursions dans le hip hop, une forte base de pop, des accents rythm and blues, il décline des morceaux dans la fière tradition du jazz et repasse tout cela à la moulinette, Jamie Cullum. C’est attachant, brillant et d’une efficacité sans pareille.
À la moitié du show, les allées du chapiteau sont déjà envahies, les gorges déployées pour chanter (à deux voix s’il vous plait !), les mains rouges d’avoir été trop frappées en rythme et les groupies de tous âges, de tout sexe n’en peuvent plus.
Le public n’est pas allé jusqu’à arracher les fauteuils (on est à Marciac quand même !!) mais ça chauffait fort dans le chapiteau et ce samedi soir, a tenu ses promesses. Un final en forme d’éruption volcanique. Wouah Jamie !!