Par Alain Piarou, Photos : Irène Piarou
La longue journée au JazzFest continue sous le soleil et la chaleur sur la plus grande scène, « l’Acura stage ». Au pied de la scène, plusieurs milliers de spectateurs sont amassés, les uns confortablement installés sur leur siège et les autres, debout devant les barrières à une quinzaine de mètres de la très haute scène. Le retour des « Meters » était un événement.
C’était un délire quand les musiciens arrivaient sur scène et des les premières notes, tout le monde se mettait à danser, enfin essayait car il y avait tellement de monde … Heureusement, les immenses écrans permettaient aux spectateurs qui se trouvaient à plusieurs dizaines de mètres, d’assister tout de même au formidable spectacle proposé.
Du funk Louisianais comme on l’aime ici. Et ces soixantenaires n’ont pas perdu de leur fougue, bien au contraire. Du funk de grande classe.
Zigaboo avait une pêche d’enfer et martelait les peaux comme dans les années … 60, imposant un rythme d’enfer et ne laissant pas de répit à ses partenaires, entre les morceaux.
Excellent concert donc pour les inconditionnels de funk.
Changement de scène et c’est à la Blues Tent que l’on se dirigeait en essayant de se frayer un chemin pour se rapprocher de la scène, ce qui était un véritable parcours du combattant, tant il y avait de monde. Et tout ça, pour écouter une des superstars de cette musique black du sud, Buckweat Zydeco.
C’était un délire, là aussi, dès le début du concert et tous les spectateurs se levaient et dansaient avec une frénésie débordante. Buckweat provoquait et le public chantait avec lui. Quelle ambiance ! J’en ai encore la chair de poule tellement c’était intense.
Et, lorsqu’il duellisait avec le musicien qui jouait du rupboard (le frottoir comme disent les Cajuns), on frôlait l’hystérie.
Un concert vraiment délirant et une musique qui ne peut pas vous laisser assis. Prenez la peine d’ écouter du Zydeco par les grands représentants de cette musique (Buckweat Zydeco, Clifton Chenier, etc …). L’ accordéon au son très particulier est toujours très présent et les chansons sont souvent en français … enfin, en Cajun (parler Créole et Acadien). En tous cas, on s’est bien dépensé.
Retour à la Jazz Tent pour assister au concert de l’enfant chéri des néo-orléanais : le chanteur John Boutté. Encore une grande famille de musiciens, tout comme les Marsalis, les Neuville, les Jordans,etc …
Le chouchou des néo-orléanais est toujours cabotin et plaisantin pour le plus grand plaisir de ses fans. Et il y en avait énormément, plus que la tente, pourtant prévue pour 2500, ne pouvait en accepter. Les gens étaient assis par terre, dans les allées et au dehors. Et le crooner faisait son show, accompagné par une superbe formation, provoquant même quelques larmes lorsqu’il chantait « la vie en rose ».
On enchaîne, toujours sur cette même scène avec le « Nocca Allstar Alumni » pour une jazz jam de grande classe.
Tous les participants qui se succédaient étaient ou avaient été élèves de la Nocca (célèbre high school). Ca commençait avec un trio et Kyle Russell au piano puis c’est Jessie McBride qui prenait le clavier et les jeunes
élèves s’en donnaient à coeur joie. Mais, à 16 ou 17 ans, ils ont déjà une maturité, une maîtrise et une assurance incroyable.
Et puis, c’est Jason Marsalis qui s’installait à la batterie, cette fois, et non au vibraphone. Et oui, les Marsalis sont aussi passés par la Nocca.
Il groovait avec tous ces jeunes qu’il connait bien puisqu’ils viennent « jammer » dans les clubs. Le trompettiste Marlon Jordan issue, lui aussi d’une grande famille de musiciens, (c’est le frère de Kent et le fils de Kidd Jordan) se joignait à eux.
Enfin, honneur était rendu à Ellis Marsalis, d’abord pour sa carrière mais aussi pour son soutien à toutes les initiatives qui permettent aux jeunes de pratiquer la musique.
Tout heureux de l’honneur qui lui était fait en public, il se mettait au piano (comme il le fait, une fois par semaine au « Snug Harbor) pour interpréter une de ses compositions et 2 standards.
La journée n’était pas terminée pour autant, mais on en reparlera.