par Alain Piarou, photos : Irène Piarou
Une invitation à assister à l’enregistrement d’un CD, ça ne se refuse pas. Nous avons eu la chance d’être invité par un des bassistes néo-orléanais des plus actifs dans le domaine du jazz, James Singleton pour la réalisation de sa dernière œuvre.
Cela se passait dans un studio de la banlieue de New Orleans, ou plutôt un vaste hangar où sont réalisés également des petits tournages de film. Donc, un endroit quelque peu improbable puisqu’on se trouvait au milieu de décors bizarres comme un cercueil et des croix avec des têtes de vaches. James aime bien ces endroits marginaux, sortant du commun. Du matériel performant était mis au service des musiciens par 2 techniciens très professionnels. L’un assurait l’enregistrement et l’autre prenait des photos et filmait le sextet en action.
James avait souhaité que les musiciens soient disposés en rond afin que tous puissent se regarder et donc mieux communiquer par le regard. James stressait, ne voyant pas arriver un de ses amis musiciens et complice de la mouvance expérimentale. Mike Dillon arrivait enfin et après avoir débarqué tous ses instruments, quelque fois de fortune, la séance pouvait commencer. James Singleton distribuait les partitions déjà étudiées par l’ensemble.
James Singleton a réuni pour son nouvel ouvrage des musiciens chevronnés et reconnus tels que donc, Mike Dillon au vibraphone et diverses percussions, le guitariste Jonathan Frielich,
2 super saxophonistes, Rex Gregory au ténor, piccolo, fifre et à la clarinette,
l’excellent Brad Walker à l’alto, ténor et baryton,
et Justin Peaks à la batterie.
Le maître assurait la contrebasse et bien sûr les compositions.
Il ne fallait que 3 heures de temps pour réaliser cet enregistrement et tous les musiciens étaient cool, maîtrisant parfaitement les sollicitations de James Singleton. Tous faisaient preuve de grand professionnalisme et démontraient leur talent en interprétant la musique bien écrite de James Singleton.
Mike Dillon est toujours aussi passionnant à regarder comme à écouter car il saute sans arrêt d’un instrument à un autre avec une imagination débordante. C’est un magicien du son ou des sons. Il faut le voir déballer de sa « caisse à jouer » tous ses instruments improbables et qu’il utilise toujours à propos pour chercher le son adéquat. Un génie qui s’entend forcément bien avec l’autre génial James Singleton.
Rex passait du picolo au saxophone ténor et au fifre avec brio,
et Brad, de l’alto au ténor puis au baryton avec une aisance incroyable.
En tous cas, c’est un jeune musicien à suivre de près.
Je ne parlerais pas de la musique avant le mixage du CD, d’autant que James Singleton a encore quelques idées qu’il pourrait rajouter mais assurément, ce sera un très bon recueil de musique improvisée mais écrite, allant donc vers le free jazz. Attendons donc avec curiosité la sortie de ce nouvel album qui ravira, j’en suis certain, les amateurs de liberté musicale.
James Singleton est un musicien à suivre (ou à découvrir), débordant d’idées, très demandé par beaucoup de formations et pilier d’ « Astral Project » (à écouter impérativement). Et, il est particulièrement sympathique, ce qui ne gâche rien. C’est un réel bonheur de connaître et de côtoyer un tel musicien et un personnage hors du commun et aussi génial.