Par Alain Piarou, Photos : Irène Piarou
Immense salle que ce « Rock’n Bowl » à New Orleans. On y joue bien sûr au booling, on y mange, on y boit et on y écoute de la musique en live. Hier soir, c’ était le début du « Rock’n Bowl JazzFest » et, dans une ambiance de fête (comme toujours à Nola), nous assistions, avec près de 500 spectateurs, à 3 mémorables concerts de blues.
20h30, c’est le Louisianais de Baton Rouge, Kenny Neal qui ouvrait les débats et qui devant un public très enthousiaste, présentait son dernier projet. Je dis Kenny Neal mais en fait, c’est la famille Neal qui, comme toujours est sur scène. Seul, le batteur ne fait pas partie de la famille. L’orgue, le piano électrique et synthétiseur, la basse et bien sûr, la guitare et le chant sont l’affaire des Neal. Et c’est bien un blues du delta, un blues du sud que Kenny nous offrait.
La foule était aux anges et reprenait allègrement les paroles des chansons pendant que Kenny sillonnait la scène de long en large pour venir au plus près de ses fans. Il se promenait même dans la salle, au milieu des spectateurs, pour jouer de l’harmonica et faire quelques pas de danses avec quelques spectatrices. Sa voix est toujours aussi agréable à écouter et son jeu de guitare toujours aussi fougueux.
Après un rappel et 1h30 de concert et un triomphe ô combien mérité, il venait discuter avec qui voulait et dédicacer son dernier CD.
La soirée avait donc commencée très fort et la Neal family avait placé la barre haute. Et pourtant, ça allait monter crescendo.
C’est l’immense, le formidable guitariste Sonny Landreth. Alors, pour ceux qui ne le connaissent pas, allez vite le découvrir sur le net. Il est aussi l’invité permanent d’ Eric Clapton dans ses « crossroads ». En trio et soutenu par une basse et une batterie sur sonorisée (comme presque toujours, ici) , il délivrait une musique entre jazz rock, blues rock, et rock avec une virtuosité époustouflante. Littéralement saisissant cet humble musicien.
Le public, en connaisseur ne s’y trompait pas et l’acclamait avec ferveur à chaque fin de morceaux souvent chantés. La formule du trio l’obligeait à jouer en permanence et il déversait un nombre de notes d’une beauté incroyable. Sa voix est juste mais c’est son jeu de guitare et sa créativité qui prévalaient.
Un vrai régal que cet intelligent et prolifique guitariste-chanteur, Sonny Landreth. On pensait que ça ne pouvait pas aller plus haut. Et pourtant, le 3ème concert de la soirée en était l’apothéose. En effet, c’est un triomphe que le public, encore nombreux en ce dimanche soir, réservait au bluesman Louisianais (Cajun) Tab Benoit.
Encore un formidable bluesman au style particulier, à découvrir. Il joue et chante le blues des bayous (immenses marécages Louisianais). Pour autant, s’il commençait, sous les ovations du public, par son blues particulier, Cajun, ventant le bien vivre Louisianais, il s’en écartait peu à peu pour présenter un blues moins roots et donc plus moderne, mais toujours en parlant de sa Louisiane. Et puis, le feu d’artifice commençait quand il opérait des changements dans son trio, offrant la batterie à un autre enfant du pays, le grand Brian Blade. Mais oui, ce formidable batteur de jazz venait accompagner, et de quelle façon, ce magnifique bluesman. Le blues se musclait et le public était sous le charme. Mais, l’embrasement n’était pas pour autant terminé puisqu’il invité un organiste (dont j’ai oublié le nom) qui donnait une autre couleur à cette formation. Le blues devenait encore plus subtil et les quelques chansons lentes faisaient danser les gens. La soirée atteignait alors le sommet quand il invitait à la basse, l’incontournable représentant du funk Louisianais, George Porter Jr (les Meters).
C’est aussi ça, la Nouvelle Orléans et le blues du sud que proposait Tab Benoit qui raconte en permanence que, si par exemple on va faire un tour à New York, on revient vite dans les bayous de Louisiane où il fait bon vivre et ou on « laisse le bon temps rouler ». Pour Tab, la Louisiane et les swamps sont toujours, toujours présents. Pour preuve, sur son ampli, il dépose une tête d’alligator, habitant omniprésent de ces lieux.
Ça donne envie ! PhD